De World tricycle à Rouladonf ! 15 ans d’aventure pour la relocalisation industrielle de la mobilité handicap.

De World tricycle à Rouladonf ! 15 ans d’aventure pour la relocalisation industrielle de la mobilité handicap. ( Tricycle, trottinette fauteuil roulant etc)

En mai 2006 je passais la porte du salon des entrepreneurs de Lyon après avoir essuyé 32 refus bancaires de financements pour le démarrage de ma première entreprise World Tricycles.

Le projet était pourtant simple je roulais depuis 99 sur mon propre matériel tricycle qui à l’époque pesait 14 kg et dont mon principal concurrent fabriquait des tricycles de plus de 30 kg. Et ce tricycle je voulais que d’autres puissent l’utiliser !

Tour de France Air Liquide , 3500 kilomètres de vélo en 8 jours pour le Téléthon.


Au fur et à mesure des années de ma pratique sportive, j’avais pu ainsi tisser des contacts avec une clientèle fortement intéressée. À chaque fois que je croisais un client intéressé potentiellement par mon tricycle, je lui demandais de me faire un courrier que je stockais soigneusement dans une petite boîte. Et c’est en février 2007 soit huit ans après que j’ouvre la petite boîte pour y découvrir 1200 courriers de particuliers désirant acheter des tricycles. Dans ma petite tête de néo entrepreneur je m’étais dit que si seulement 10 % de ses futurs clients commandaient, je pouvais démarrer allègrement un nouveau business, ma première entreprise !

Quelques mois avant le salon des entrepreneurs après une effroyable chute tricycle je me fracturai le bassin lors d’une compétition et je me retrouvais alité pendant près de quatre mois. Mon cerveau se mit en route ! L’idée commença à mûrir de fabriquer mon propre matériel. Il existe qu’une seule entreprise française qui proposait du matériel très lourd, très industrielle et surtout malheureusement pas adapté à la compétition et au transport.

J’achetais à l’époque le guide de la création d’entreprise éditée par l’agence pour la création d’entreprise la fameuse APCE.

Je me plongeais allègrement dans mon premier business plan puis commençai les prémices d’un business modèle unique. Je me rendais compte qu’avec quelques partenaires locaux industriels je pouvais démarrer une activité de fabrication de tricycles et de triporteurs made in France .

J’habite une région où historiquement pendant près d’un siècle, on avait fabriqué près de Saint-Étienne les meilleurs vélos du monde et il devait bien rester quelque savoir-faire enterrés quelque part . Il a fallu que je croise la route d’un concepteur et fabricant de vélo de route pour les cyclistes professionnels ou devrais-je dire un orfèvre: Les cycles Notar ! Bref vous l’avez compris je disposais d’une base de clientèle exclusive associée à des possibilités technologiques pour la fabrication, pour la distribution c’était pas très compliqué à chaque fois que je montais sur le tricycle lors d’une compétition j’étais assuré de vendre par la suite quelques pièces supplémentaires.

Mais revenons ensemble au salon des entrepreneurs de Lyon où j’ai été primé.
Je me rends au salon des entrepreneurs après avoir essuyé massivement des refus bancaires de financements malgré un business plan au point ou devrais-je dire aux poils.
La grande majorité des banques trouvaient le risque trop important de financer un projet tenu par un entrepreneur en situation de handicap. Quelques-unes ouvertement et je pense que cela fut la bonne raison, m’expliquait en toute franchise : « vous auriez gagné 100 000 € par mois on ne vous prêterait pas pour nous le handicap c’est comme si vous deviez décéder demain » . Pas facile à entendre mais je dois reconnaître que cette franchise a eu le mérite de me préparer activement à ce monde de l’entreprenariat qui est tout sauf une partie de plaisir.
Durant la visite du salon je rencontrais à nouveau ces banques mais aussi des assureurs, des fonds d’investissement, des organismes publics financeurs etc. etc. et durant toute la journée je me pris dans la figure de magnifiques sourires et de belles phrases empreintes de communication « c’est un projet magnifique qu’il faut soutenir néanmoins nous ne pouvons pas vous aider ».
Vers 17h30 un caméraman me frappe sur l’épaule et m’explique qu’il existe un concours lors du salon qui s’appelle 1000 € pour entreprendre. Il me demande gentiment si je peux pitié une idée pendant une minute pour présenter mon projet afin de séduire éventuellement le jury de ce prix pour remporter une somme ou un accompagnement. S’il y a bien quelque chose dont je suis habitué avec ma carrière de sportif de haut niveau c’est de prendre la parole. Vous vous doutez bien que pitcher le projet pendant une minute face caméra même si j’avais rien préparé c’était pas un énorme souci.
Je présente mon projet de création d’usine en circuits courts pour la vente, afin de fabriquer du matériel tricycle pour des adultes et des enfants qui souhaitent pratiquer le tricycle en loisir ou en compétition. Il prend la vidéo d’une minute et au moment de partir le caméraman me fait un clin d’œil. Je me dis tiens c’est bizarre il y a de la familiarité dans ce clin d’œil.
J’apprendrai plus tard que nous étions 2500 a proposé un projet.

  • 19 heures je suis convoqué devant un jury de trois personnes pour parler pendant trois minutes de mon business modèle (bien sûr que je n’avais rien préparé) et je me retrouve en face d’une grande société de matériel médical, d’une autre de maintien à domicile et la troisième dont j’ai oublié l’entité. Mais je me souviens parfaitement qu’elles avaient bizarrement un lien toutes les trois avec le monde de la santé.
  • 20 heures j’apprends que je suis sélectionné parmi les 35 derniers projets et que je vais à nouveau prendre la parole pendant une minute devant un énième jury.
  • 21 heures je suis sacré troisième meilleure idée régionale et l’on me remet un prix de 1000 € de la part de la société Cegid et de son PDG bien connu Jean-Michel Aulas.
    Je repars du salon avec 1000 € et je me dis avec un petit peu d’espoir, il en découlera quelque chose. Rapidement je compris qu’il n’en serait pas grand-chose à part un peu de médiatisation.
World Tricycles salon des entrepreneurs
Fidèle à moi, short tee shirt ! Mais produits au top !

Février 2008 je suis invité par un émir organisateur du tour du Qatar pour venir rencontrer l’organisation du tour cycliste du Qatar pour faire connaître ma discipline et parler de mes premiers titres internationaux en tricycle.
Lors de ces 3 jours nous discutâmes cyclisme mais aussi vit au Qatar et beaucoup business. 90 % de ce temps consacré aux repas gargantuesques entrecoupés de séances d’échanges. C’est à cette occasion que j’ai eu l’occasion de rencontrer un autre émir/investisseur qui me parla beaucoup du handicap. J’ai appris entre autres qu’à l’époque il avait une petite fille de huit ans qui avaient la même pathologie que la mienne. Et rapidement en lui expliquant que je pouvais fabriquer aujourd’hui un tricycle pour sa petite-fille il se proposa en contre échanges de me financer le démarrage de mon activité. Aujourd’hui encore je garde une profonde reconnaissance vis-à-vis de ces gens que je croise encore à Dubaï ou à Doha qui ont su me considérer à ma juste valeur non seulement en tant que personne handicapée mais aussi en tant que entrepreneur.
Je rentre en France avec en ma possession un virement d’un montant certain qui me permit de démarrer non seulement avec une masse salariale suffisante mais aussi avec la possibilité d’investir dans des machines-outils et des partenariats suffisants.
Nous sommes en mai 2008 j’ai de l’argent pour démarrer. Reste maintenant à concrétiser !

Avec World Tricycle je voulais absolument comme règle première, créer de l’emploi autour de mon lieu d’habitat qui était proche d’une zone industrielle à l’abandon fortement sinistrée par la mondialisation. Secondairement je voulais absolument créer une activité qui soit éco-responsable. Je savais qu’il y avait cette société artisanale de conception des cycles à moins de 20 km de mon domicile. Je savais après de multiples recherches que je pouvais aussi trouver tous les corps de métier dont j’avais besoin dans un rayon de 50 km au plus loin. Rapidement je trouvais un fabricant d’armatures alu et carbone à 12 km. Un Usineur de pièces métalliques sur la région lyonnaise, je passais un partenariat avec l’Institut Français de Mécanique avancée de Clermont-Ferrand pour l’ingénierie de nouveaux prototypes etc. etc. Toute la chaîne de production vertueuse se trouvait en faite sous mon nez.

La société connue une ascension fulgurante nous commençâmes par fabriquer des tricycles, puis de triporteurs, puis des vélos électriques, puis des sulky pour permettre aux personnes handicapées en fauteuil de faire du cheval. L’école d’ingénieurs nous proposa sans cesse de nouveaux projets plus ou moins réalisables. Ce qui est intéressant pour le potentiel client c’était que entre le le temps où l’on nous propose un projet à réaliser et le temps où nous réalisons le premier prototype se passe souvent maximum quelques jours. C’était notre grande force la rapidité d’action par le fait que nous ayons internalisé toutes les compétences. À l’époque c’était extrêmement novateur. Nos concurrents dans leur quasi intégralité sous-traitaient leurs produits en Asie et demandaient à leurs clients 6mois à 18 mois pour obtenir un produit abouti. Aujourd’hui encore nous sommes fiers de ce modèle qui nous permet d’avoir une réactivité exceptionnelle et de maîtriser la qualité de ces derniers.

Les années passent et en 2016 je reçois un appel de GL events pour me proposer de participer au pôle innova Lyon lors de la foire de Lyon. Leur demande était simple : fournir un projet en lien avec le handicap et la mobilité. Petit problème ou devrais-je dire gros problème, la foire de Lyon se tenait trois semaines après. Sortir un prototype c’est faisable, sortir un prototype commercialisable c’est faisable, sortir un prototype commercialisable et respectant les normes pour l’utilisation sur la voie publique lors d’un salon en trois semaines c’était loin d’être simple. Je monopolise ma matière grise est celle de mon plus proche collaborateur depuis ma naissance mon père on se pose autour du pot de papier. Et on se dit que le meilleur moyen d’arriver à quelque chose qui soit utilisable avec le minimum de contraintes c’est de hacker quelque chose déjà existant et de lui apporter quelque chose supplémentaire. J’avais bien en tête cette idée de trottinette que l’on pourrait adapter sur un fauteuil. Ni une ni deux achats de la trottinette puis fabrication d’une pièce adaptation qui permet de venir fixer le fauteuil sur cette dernière et nous voilà partis trois semaines après sur le salon avec le projet encore top secret, Rouladonf !
Durant les deux jours de innova Lyon nous étions postés dans des rôles d’entrée du centre des expositions Eurexpo. Forcément tous les visiteurs de la foire passaient devant notre stand. Je ne manquais pas de calquer le modèle que j’avais utilisé pour me tricycle faite 1 courrier et je vous recontacte. Pour l’anecdote le salon ouvrait à 10 heures le premier jour à 8h30 le matin quand nous sommes arrivés sur le salon pour prendre possession du stand nous avions réfléchi à tout sauf au nom du produit. J’ai toujours pour habitude de me déplacer sur les salons auxquels on expose avec du matériel de quoi imprimer. Et nous voilà entre 8h30 et 9h30 à essayer de trouver une idée de produit.  » Roule ta vie  » Roule à fond  » Non  » Rouladonf » ! Voici Comment est né la marque. Mai 2016 nous repartîmes du salon avec 627 courriers de pré commandes du produit. Et l’aventure commença !

Je ne savais pas encore si j’allais rattacher Rouladonf à World Tricycles et je pris près de deux ans pour prendre ma décision.
Deuxième semestre 2018 il fallait s’activer je suis invité par la fondation Galilée à venir participer à un concours d’innovation sur les processus industriels. Le projet Rouladonf trouva toute sa place. Notre trottinette fauteuil roulant avait déjà de nombreux clients mais elle n’avait pas encore la reconnaissance industrielle qu’elle devait avoir. L’intégralité de nos composants et notre conception est fabriquée à 25 km autour de notre implantation. Elles après avoir longuement défendu le procès industriel nous repartîmes de ce concours avec la reconnaissance de nos pères mais aussi une forte action médiatique qui aujourd’hui encore trois ans après nous booke les carnets de vente pour encore les trois ans à venir.

J’espère cette année réunir les deux entités, communiquer efficacement enfin avec la naissance d’un nouveau site Internet sur des nouveaux produits. Faire connaître notre politique et écoresponsable et réellement made in France. Mais surtout développer de nouveaux produits. Je m’étais toujours opposé à travers ces années à proposer du matériel à connotation handicap. Cette année nous avons l’envie de développer notre propre gamme de fauteuil roulant manuel et électrique made in France (en totale transparence) à des prix qui ne soient pas scandaleux et en proposant des emplois locaux (en totale transparence bis) .
Nous avons déjà dans les cartons de nombreux prototypes qui n’attendent que d’être commercialisés.
Le modèle étant assez simple : produire local – être et coresponsable – être honnête dans les tarifs.

Bientôt viendra un nouveau site Internet et dans quelques mois un site de production ouvert au public couplé à un show-room de démonstration de matériel. Élément particulièrement innovant nous proposerons un accompagnement social pour trouver les financements de notre matériel à nos clients.

Belle aventure non ?

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