Un grand Handi-voyage à l’autre bout du monde: le Chili épisode 1, préparation et vol aller !
Comme vous savez j’adore voyager. Mais j’ai toujours voyagé par l’intermédiaire du vélo et de mes activités professionnelles dans un cadre prévu à l’avance. Les hôtels étaient toujours soigneusement bien réservés, mes itinéraires en fauteuil soigneusement sélectionnés pour être parfaitement accessibles et mon planning fignolé aux petits oignons pour que tout se coordonne parfaitement.
Il y a maintenant près de deux ans à la suite d’un petit message pour rechercher un de mes guides accompagnateur pour Disney. J’ai rencontré Angélique et Rémi avec qui j’ai eu l’occasion de passer une journée dans ce magnifique parc. Mais revenons à l’histoire du Chili, je savais qu’ils projetaient de partir faire un tour du monde. Et il y a maintenant un peu plus d’un an juste avant leur départ ils ont convié amis et familles pour partager une dernière journée avec leur cercle proche.
C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de les rejoindre un an plus tard au Chili pour partager ensemble la fin de leur tour du monde mais aussi un voyage pour moi quelque peu dépaysant.
Réservation de billets faîte. Il ne me reste plus qu’à préparer a minima ce voyage sac à dos sur l’épaule ou devrais-je dire sac à dos sur l’épaule du fauteuil.
Je savais que je partais sur un voyage qui n’était pas du tout le modèle que j’avais connu jusqu’à maintenant, je connaissais ma date d’arrivée ainsi que celle du retour mais rien au milieu.. cette perspective de ne pas maîtriser à l’avance les conditions du voyage avait quelque chose de relativement effrayant quand on est en fauteuil et en situation de handicap.
Pendant un an j’ai eu tout loisir de me renseigner sur ce pays qu’est le Chili et de ses paysages que tout le monde vante. Je connaissais ma destination d’arrivée qui était Santiago et sa mégalopole de 8 millions d’habitants mais je ne connaissais pas grand-chose d’autre à ce beau pays à part quelques photos sagement sélectionnées pour en mettre plein les yeux.
J’avais bien repéré quelques organismes de tourisme adapté mais aussi un organisme national qui s’appelle ministère du tourisme inclusif, mais au fond rien de bien défini.
Je compris assez rapidement que cela allait devenir problématique. Peu de réseaux de transport à part les bus au Chili et bien entendu une accessibilité très optionnelle. Le métro quant à lui à Santiago-du-Chili était très anecdotique sur le plan de l’accessibilité quelques stations par-ci par-là étaient réellement accessibles. Dans les villes chiliennes cela allait être un sacré problème que de devoir se déplacer.
Mais revenons à l’avion, je choisis Air France parce que je connaissais la compagnie et que je savais que j’allais avoir le moins de problèmes sur 20 heures de vol à l’aller et presque 24 heures au retour. Sans compter les problèmes techniques qui allaient considérablement rallonger les délais…
Air France dispose d’un programme qui s’appelle Saphir, ce programme a pour but de prendre en charge le mieux possible le voyageur en fonction de son handicap et de ses besoins techniques. Un petit appel téléphonique pour réserver mon billet d’avion quelques renseignements pris pour connaître mes possibilités de déplacement et un paiement par carte de 900 boules pour réserver mon aller-retour.
Billet aller pris pour le 13 septembre, et retour modifiable prévu pour le 27 septembre… il me restait plus qu’à finaliser la bureaucratie pour pouvoir voyager : réalisation de mon nouveau passeport qui était déjà bien plein, et surtout bonne nouvelle pas besoin de visa…
Ensuite il y allait avoir un point qui pour moi est une source d’angoisse tout aussi importante c’est la préparation de mon matériel, quand on part à l’autre bout du monde avec son fauteuil si on a le malheur de casser quoi que ce soit c’est l’enfer pour pouvoir imaginer trouver une solution sur place..
Un petit mois avant de partir je pris la décision même si mon fauteuil est vieillissant, de réparer a minima tout ce que je peux réparer : la sellerie, changer les chambres à air et les pneus pour être sûr de pouvoir partir dans de bonnes conditions. Je partis aussi avec un kit de secours composé d’une chambre à air d’une bombe anti crevaison de sparadrap haute résistance et quelques incantations magiques au cas où.
Ensuite comme je n’étais jamais parti en sac à dos sur l’épaule, le moment fut arrivé de choisir ce dernier. Mon choix se tourna tout naturellement vers Décathlon qui à ma conscience déjà pour la partie cycliste quand j’ai besoin. Je me dirigea donc vers de Lyon Part Dieu pour faire de multiples essais. J’ai eu la chance de tomber sur une vendeuse passionnée, compétente mais aussi très intéressé par mon voyage. Je fis pas mal d’essais pour trouver le meilleur compromis entre poids taille et encombrement. Petite anecdote marrante le magasin possède des poids pour simuler le chargement du sac afin de se rendre compte de la disposition de nos futures affaires et du comportement de ce dernier quand celui-ci est chargé.
Mon choix s’orienta rapidement sur un sac quechua de 60l afin de maximiser les possibilités de transport sans que je sois gêné pour manipuler mon fauteuil.
A J-7, Vient le tour de la rencontre avec mon médecin généraliste pour préparer activement un trousseau médicamenteux de secours pouvant pallier à toutes les éventualités de mon état de santé. Un premier trousseau composé de médicaments tout à fait traditionnel voyage pouvant pallier aux problématiques que tout touriste connaît. Mais aussi un trousseau composé de médicaments pouvant pallier aux urgences propres à mon handicap comme un épisode spastique mais aussi traiter en ce moment une fracture d’orteil et une tendinite du genou gauche. Je dois dire que ces deux derniers points allaient être une forte source d’angoisse ne sachant pas trop ce que ça allait donner durant ce voyage.
A J-3 vient la préparation de mon sac afin d’optimiser tout ce dont j’avais besoin : sac de couchage, vêtements, médicaments, mais aussi mon uniforme de secouriste opérationnel (sachant que je devais rencontrer sur place des organismes de secours et hopitaux) et le point lourd du voyage, 8 kgs de matériels photo/vidéo ainsi qu’un pc de montage qui me permettront de tourner des images de qualité 4K à fin d’immortaliser ce voyage.
Quand on prépare son sac on a toujours peur qu’il manque quelque chose et quand on est Handi on a toujours peur qu’il manque encore plus quelque chose lol
Jour J: Après une nuit pas très reposante où je refais le scénario 10 millions de fois, c’est le départ pour l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Mon vol est à 18h20 mais je suis comme à mon habitude bien en avance pour pallier tous les problèmes d’enregistrement, d’accessibilité, mais aussi tous les petits à côté avec mes 15 kg de bagages.
En arrivant à l’aéroport il est censé y avoir une borne d’accueil spécialisée pour les personnes en situation de handicap sur le parking du terminal, fait alternatif comme appellerait cela le président des États-Unis, il s’avère que la borne interactive n’est pas active. Chance numéro deux à l’intérieur du terminal où je me déplace tant bien que mal en fauteuil avec les bagages je tente de rejoindre la borne téléphonique d’accueil qui elle a son tour décide de ne pas être active non plus.. me voilà donc bien enclin à devoir traverser le terminal seul pour trouver tant bien que mal ma compagnie pour l’enregistrement. Après 30 minutes de fauteuil quelque peu sportives qui allaient me mettre dans le bain avant ce voyage, je fus gentiment accueilli par une collaboratrice d’Air France qui enregistra mes bagages mais aussi mon fauteuil et enfin le voyageur que je suis.
S’ensuit les contrôles de sécurité enlever mes chaussures orthopédiques, remettre mes chaussures orthopédiques, fouille des bagages et quelques questions de la police aux frontières.. Le plein de contorsions une demi-heure plus tard me voilà dans la zone d’attente du duty-free avant l’embarquement. Quelques magazines et bouquins savamment achetés au bout de deux heures de choix éventuels, je me résigne à me poser autour d’un café pour profiter pleinement d’un charter complet d’une compagnie néerlandaise en attente autour d’une pinte de bière qu’il leur rendra une joie très communicative que l’on pût entendre du fin fond de l’aéroport…
Le principe quand on est en situation de handicap et que l’on prend l’avion c’est que nous embarquons systématiquement en premier et nous débarquons systématiquement en dernier. Vient mon tour d’embarquer vers 17h30, je fus conduit par un chargé de l’aéroport jusqu’à la porte de mon Boeing-777 et ensuite je marche sac à dos sur l’épaule jusqu’à la place située quelque rang plus tard.. les hôtesses et stewards de la compagnie KLM étant aux petits soins pour ma compagnie jusqu’à ma place et me demander si j’ai besoin de quoi que ce soit durant tout le vol.
Le vol fut composé de films et de musiques sur cette fameuse tablette installée juste devant moi. Mais aussi de nombreuses collations qui je dois l’avouer furent fortes sympathiques. Pour tenir 20 heures il en faut de la volonté et mon mal de derrière sur ce siège économique fut proportionnel au nombre d’heures de la durée de ce vol. Insupportable !
D’abord une première escale à Amsterdam de deux heures ! Un service handicap aux petits oignons qui me fait parcourir en quelques minutes à ma descente de l’avion ce gigantisme aéroport qui fut surprenant de par son esthétique mais aussi de par la sympathie de son personnel parfaitement formé à la problématique du handicap. Je fus agréablement surpris de l’accessibilité de l’aéroport mais aussi de la quantité de matériel dont disposait le service handicap pour nous accueillir dans les meilleures conditions possibles. Petite pensée particulière aussi pour l’agent d’escale francophone avec qui j’ai échangé durant mon attente.
Puis ensuite une surprise un arrêt non prévu technique à l’aéroport de Buenos Aires où nous avons été déchargés à deux heures du matin jusqu’à sept heures afin je pense de pallier à un problème technique qui resta sans explication… Buenos Aires est un aéroport de style art déco et même si la fatigue du premier vol se faisait sentir en plus du décalage horaire je ne pris pas foncièrement le temps d’apprécier les qualités architecturales de cet aéroport et de son personnel qui communiquait qu’en espagnol et dont je dois dire que je ne maîtrisent pas encore la langue.
Embarquement à sept heures dans l’avion direction Santiago-du-Chili où les cinq dernières heures de vol me réserva la joie intense de découvrir la cordillère des Andes à travers le hublot de mon Boeing. Sous couvert d’explication d’une mamie chilienne assise à mes côtés et dont je ne compris que 1/100 des mots en espanol, je ne pu que apprécier le spectacle qui s’offrait à moi.
Vient le temps de l’arrivée à Santiago de 10h10, mon avion est à l’heure. Je débarque complètement à l’ouest par le décalage horaire et la fatigue de mes 22 heures de vol par des agents commerciaux de l’aéroport pour aller récupérer mes bagages. Et la surprise, bagages ! Une demi-heure d’attente, une heure d’attente, il aurait ni d’attente, pour ensuite être convoqué auprès de la PDI, la fameuse police d’investigation de l’immigration chilienne qui me posa tout un tas de questions sur un ton fort accusateur. Au bout d’une demi-heure d’interrogatoire je fus enfin libéré et mon sac après avoir était fouillé de fond en comble me fut rendu !
Place à l’accueil de Rémi et Angélique qui avaient fait le déplacement jusqu’à l’aéroport !
La suite au prochain épisode !
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